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Un métro au pays des kanaks

11 mai 2014

Fin de l'aventure !

Métropole le Dimanche 11 mai 2014 :

Ca y est, c'est la fin du voyage d'un métro au pays des Kanaks !

 

Merci de m'avoir suivi dans cette aventure.

 

En dépit de ce qui avait été annoncé, il me parait inopportun de terminer la rédaction du blog maintenant que je suis rentré. Ce blog avait, entre autre, pour fonction de faire partie des taches que je m'étais fixées et qui "remplissaient" les longues soirées Calédoniennes.

 

A présent que nous sommes de nouveau proches, c'est oralement que j'ai envie de parler de mon expérience.

 

Je vous adresse néanmoins quelques dernières "cartes postales".

 

Tata !

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2 mai 2014

Bientôt la suite . . . et fin !

Hello,

Difficile de continuer à alimenter le blog alors que ma princesse est revenue me joindre et que nous sommes itinérants. Ce soir, départ à 18h10 pour Ouvéa, la dernière étape de notre périple !

Retour le 4 mai à Nouméa et à peine une journée pour préparer notre retour en métropole.

Mais je vous promets une suite et fin qui paradoxalement sera vraissemblablement écrite en grande partie aprés notre retour aux Clouzeaux ! ! !

A+

 

Isabelle - Olivier

5 avril 2014

Lifou me voici, me voilà !

NC - Samedi 5 avril 2014 :

La matinée est bien vite passée. Je n'ai pas réussi à être raisonnable et "économe", je repars en direction de Lifou pour 20 jours avec . . . . . 26 kg de bagages ! (je sens que la gente féminine va s'en donner à cœur joie).

 

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J'ai rendez-vous à l'aéroport de Magenta à 15h, heure d'arrivée de Frédéric, de Diana et de leurs 3 enfants qui vont passer une semaine à Nouméa et doivent me remettre les clés de leur voiture et de leur maison. Tout est déjà organisé pour une arrivée zen et cool à Lifou !

Embarquement un peu au forcing : pour des questions de report de vols successifs l'agent du comptoir d'enregistrement m'indiquait gentiment que les passagers du vol étaient prévus pour partir . . . . le lendemain matin à 9h ! - en insistant un peu . . . . .

Décollage à 17h10, arrivée prévue à Lifou après 40 mn de vol.

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(Pour les connaisseurs et passionnés d'aviation, l'appareil est un ATR 72)

 

Malgré la lumière rasante du soleil qui décline, je commence à distinguer les côtes.

 

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Vue d'avion l'île s'apparente à une vaste étendue de végétation sans route ni habitations visibles : une imposante tâche verte au milieu du bleu intense de l'océan.

 

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La terre se rapproche, la limpidité exceptionnelle de l'eau permet de distinguer parfaitement les patates de corail, et déjà des couleurs incroyables. C'est tout à fait impressionnant !

 

Bienvenue aux îles Loyauté !

4 avril 2014

Houaïlou, c'est fini . . . . . et dire que c'était la ville de mon premier amour (selon Hervé Vilard, tralalalala)

NC - Vendredi 4 avril 2014 :

- 14h : J'ai rendu les clés de la grande maison et celle de mon bureau, salué une dernière fois les personnes encore présentes en ce début d'après midi au dispensaire. Mes affaires replissent le coffre et 3 ou 4 cartons sont empilés sur les banquettes arrières. En seulement 3 mois j'ai quand même réussi à accumuler un bric-à-brac !

Cette fois-ci c'est la bonne, la page "Houaïlou" se tourne . . .

J'emprunte une nouvelle fois la transversale qui mène de Houaïlou à Bourail. Je ne me lasse pas de savourer la diversité des paysages, même s'ils me sont devenus familiers. Garder la capacité de s'émerveiller chaque jour des petits détails qui font le quotidiens. Je n'ai rien inventé mais . . . . . . je suis en capacité !

Definitely, la côte Est est vraiment belle !

 

Un homme fait du pouce sur le bord de la route, je sais en l'apercevant au loin que je vais m'arrêter pour le prendre. D'une part c'est devenu un principe (autant rendre service et que la voiture transporte le plus de monde possible), d'autre part je l'ai reconnu.

3 semaines auparavant je suis aller signer un certificat de garde à vue à son encontre. C'est un homme d'une soixantaine d'année, une bonne bouille, avec un espèce de turban autour des cheveux. C'est, je l'ai bien compris, un militant indépendantiste pur et dur. Lorsque je l'avais vu à la gendarmerie et interrogé sur les raisons de son "arrestation" il m'avait expliqué qu'il avait été surpris en train de réaliser des tags dont la nature anti-colonialiste ne laissait aucun doute. C'est en tous cas le motif qu'il m'avais donné et mes prérogatives, dans le cadre de mon rôle de médecin, ne m'autorisaient pas à vérifier la véracité de ses propos mais je m'étais dit, en mon fort intérieur, que si c'était vraiment le motif pour lequel les gendarmes l'avaient appréhendés, cela avait toutes les chances d'être contre productif. La sanction, disproportionnée à mes yeux par rapport à l'acte, étant de nature à renforcer la conviction d'oppression.

"Bonjour" me dit-il "c'est sympa de me prendre. On se connait. Vous êtes prof ?"

Je lui répond que non mais que c'est moi qui ai signé son certificat de garde à vue !

" Ah houai, j'me disais bien que vot' tête m'était pas inconnue !"

Ensuite il me raconte comment il s'est retrouvé au tribunal de Nouméa, que c'est pas la première fois, qu'on cherche à "avoir sa peau" parce qu'il s'est aussi exprimé, sur les ondes locales, en proférant des propos virulent envers un homme politique loyaliste. Que les kanak ont accepté l'évangélisation pour donner l'impression qu'ils adhéraient aux principes des colons et pour qu'on les laissent tranquilles, etc . . . .

Il va au marché de Coula, enfin "marché" c'est beaucoup dire !

Il s'agit d'un étal sur le bord de la route, un peu plus grand que les autres, avec souvent 3 ou 4 "mamies" assises 100 m plus loin sous les arbres, attendant me chaland.

Je m'arrête pour le déposer et je sors de la voiture avec lui. C'est vrai que l'étal est bien garni ce matin : j'achète un pamplemousse, des corossols, des avocats et d'autres fruits qui me sont totalement inconnus et dont je ne me souviens même plus du nom ! Ca ressemble à une toute petit pomme verte, ça se mange cru, en salade, râpé ou tranché finement, me dit la vendeuse.

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Voici, en passant, quelques photos des étals que l'on peut rencontrer sur le bord de la route et dont je vous avais parlé au début de mon périple

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Sur cet étal, des filets de citrons, des bananes et des corosols. Le prix est indiqué au marqueur directement sur les fruits ou sur une petite étiquette. Il faut mettre la somme correspondante dans la boite métallique (ici, elles est derrière les corosols) . . . . et le tour est joué !

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Je salue Samuel (l'indépendantiste) et je reprends ma route.

Ce soir, à Nouméa, Pascale et Bruno auront la gentillesse de donner un toit aux 3 valises, 2 sacs à dos, 4 cartons et autres bardât qui m'accompagnent  !

2 avril 2014

La piscine privée

NC - Mercredi 2 avril 2014 :

Assez de temps entre midi et 14h pour filer, avec mon pique-nique à la cascade de Poro. Et oui je suis aussi devenu "cascade addict" durant mon séjour sur la grande terre !

A partir de la maison, il me faut 20 minutes pour rejoindre ma piscine "privée" (10 mn de trajet en voiture et 10 mn de marche) et ça vaut le coup, jugez par vous même !

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1 avril 2014

On a retrouvé le "coupable"

NC - Mardi 1er avril 2014 :

Tiens c'est curieux ici visiblement on ne connait pas la coutume du poisson d'Avril !

Bon, on s'en est finalement passé sans y penser.

J'ai reçu Jessy en consultation. Le curieux hasard fait que je le revois quelques jours avant mon départ de Houaïlou. Vous en avez déjà entendu parler. Je l'avais vu le soir de mon premier jour de consultation pour lui expliquer qu'il allait devoir se faire opérer de son rétrécissement mitral serré. J'avais aidé ses parents qui étaient un peu "perdus" dans les formalités à accomplir. L'intervention a eu lieu fin Février en Australie et s'est bien passée. Je lui apprends que je termine mon contrat et qu'un autre médecin va prendre la suite. Son regard me fixe et, à voix basse, il me fait part de la confiance qu'il avait pu m'accorder. Cela me touche, de mon côté aussi, en peu de temps, je m'étais attaché à lui !

Ce soir au début de mon astreinte j'ai été appelé à la gendarmerie pour rédiger un certificat de compatibilité de l'état de santé d'une personne avec une mesure de garde à vue. Ce sera d'ailleurs le seul appel durant mon astreinte.

Les gendarmes (nous sommes maintenant "grands copains") ont appréhendé une heure plus tôt, lors une course poursuite après un véhicule volé 2 jours auparavant, un adolescent de 16 ans. Je le connais, je suis déjà venu à la gendarmerie 15 jours plus tôt signer le même type de certificat parce que l'ado en question avait volé un véhicule appartenant aux services municipaux. La course poursuite s'est terminée dans une des tribus un peu éloignée et l'arrestation a été quelque peu "musclée" contre ce jeune récidiviste. Le lendemain matin j'apprendrais par un des vigils et une des secrétaires du dispensaire présents sur les lieux de l'événement que si la gendarmerie n'était pas intervenue rapidement le jeune aurait probablement été sévèrement molesté par la population de la tribu. Au cours de l'interrogatoire, il admettra aussi être l'auteur du vol perpétré à l'encontre d'Anaëlle. Les papiers ne pourront cependant pas être récupérés car il a brûlé les sac à main et son contenu.

 

 

 

31 mars 2014

Sanction

NC - Lundi 31 Mars 2014 :

 

Ce matin la décision consensuelle a été prise par l'ensemble du personnel du dispensaire. Il n'y aura aucune consultation en dehors des urgences et des soins programmés. Nous avons trouvé Anaëlle, une infirmière itinérante complètement dépitée. La veille au soir, en rentrant de son week-end de repos, elle s'est fait dérober son sac à main avec tous ses papiers, ses clés de voiture et les clés de son logement de fonction.

Une affiche indique que le dispensaire ne reprendra son activité habituelle qu'une fois que les objets dérobés seront restitués.

Nous comptons sur l'intervention des chefs de tribus qui ne manqueront pas d'être informés de la fermeture du dispensaire et de la raison. Piou, de son côté, est allé "parler" à quelques jeunes qu'il connait. Le week-end précédent j'avais eu une longue discussion avec Piou. Nous revenions de l'hôpital de Poindimié où nous avions accompagné une des patientes nécessitant des soins urgents. A la faveur d'un trajet il m' avait ainsi appris que l'un des ses arrières grand-père était à l'origine de la création de la tribu de qui deviendrait plus tard l'épicentre de l'actuelle village de Houaïlou. Il garde, à ce titre, une influence certaine, héritage du respect que la population doit à ses aïeux.

En Nouvelle Calédonie la sanction imposée par le clan est parfois beaucoup plus sévère et moins clémente que celle rendue par nos tribunaux !

Cela a en partie fonctionné. Nous retrouverons les clés de la voiture et du logement de fonction discrètement déposées par terre non loin du lieu où elles avaient disparues. Le sac et les papiers n'ont pas été restitués.

 

30 mars 2014

Dernier jour à Poé

NC - Dimanche 30 Mars 2014 :

Dimanche matin :

Lever à 6h30, le soleil est venu me "chatouiller" les pieds. Il faut rallumer le feux (comme dirait Johnny), placer une casserole d'eau au dessus des flammes et en 3 mn j'ai de l'eau bouillante pour me faire un bon petit café. Des tartines de pain avec du miel, et toujours cette vue imprenable sur le lagon.

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Puis jogging (35 mn), douche et après tout cela il est . . . . 8h30 ! - l'adage selon lequel "le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt" prend tout son sens.

J'ai replié la tente et quitté mon havre de paix pour me poser, à quelques encablures, là où les kit surfeurs s'en donnent à cœur joie.

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Un dernier petit plouf pour une expérience insolite. C'est marée basse - vraiment basse !

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Je marche jusqu'à environ 800 m du bord avec de l'eau seulement jusqu'aux genoux.

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Bien sûr ce n'est pas moi !

 

Petite explication en passant sur les couleurs du lagon (du bord vers le large) : la partie sombre en bord de plage correspond à un fond marin tapissé de végétation (véritable garde-manger pour un certain nombre de poissons et pour les tortues vertes), la partie bleu turquoise qui lui fait suite correspond à un fond sableux (sable blanc), la fine bande sombre qui sépare la zone bleu turquoise est située à environ 800 m du bord et est constituée par une première "petite" ceinture de récif corallien.

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La progression à cet endroit, à marrée basse est "acrobatique" pour peu que l'on ai à cœur de me pas marcher sur le corail. Je m'allonge dans l'eau avec mon masque et mon tuba, entre 2 patates de corail. L'eau me recouvre à peine. Immobile, je contemple, comme à la loupe, la vie aquatique. Cette immobilité permet de ne pas perturber les poissons les plus craintifs qui vont et viennent autour de moi. Je fais partie du paysage marin ! - encore un moment magique . . . qui m'est offert gratuitement !

 

Il va bientôt falloir se décider à faire route vers Hoauïlou. Au moment de quitter Poé, je surprends 2 jeunes kanak en train de pécher au filet sur le bord de la plage.

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29 mars 2014

Poé encore et toujours !

NC - Samedi 29 Mars 2014 :

La plus grande partie de mon séjour se termine donc.

Ce week-end je suis retourné à la plage de Poé. La magie du lieu s'opère toujours face à ces eaux aux couleurs incroyables. J'ai emporté la tente de Nicolas. Au camping de Poé, je me suis installé sous les arbres qui bordent la plage. Vue sur l'ensemble du lagon assurée et garantie !

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Pour m'approcher de la grande barrière de corail, lieu de prédilection pour le PMT mais distant de 2 km, j'ai loué un kayac de mer.

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Il faut certes ramer mais que ne ferait-on pas pour atteindre cet endroit où la diversité des coraux est impressionnante, de toutes formes et de toutes couleurs (vert, bleu, mauve, jaune, rose). A cette richesse s'ajoute celle des variétés de poissons rencontrés. En 2008, l'Unesco a inscrit le récif corallien calédonien sur la liste du patrimoine naturel mondial favorisant une prise de conscience des autorités qui ont réglementé de nombreux sites. Alan, le prof de Kit surf qui connait bien le lagon, dit avoir observé les conséquences positives de cette réglementation sur la faune et la flore marine.  Je me mets à l'eau : une amarre passée autour du bras et le tour est joué, le kayac me suit docilement.

Bon, décidemment, ça va devenir un rituel à chaque fois que je viens à Poé ! - je suis de nouveau confronté à la rencontre fortuite avec un tricot rayé. Comme les autres fois, il nage entre deux eaux. Je me détourne rapidement quand une idée me passe par la tête. Il est écrit partout que ces bestioles sont craintives. Je fais alors plusieurs battements soutenus dans l'eau avec mes jambes et je me retourne pour observer l'animal. Il ondule rapidement vers le fond pour se réfugier dans les coraux ! - hasard ou conséquence ? j'ai peut être trouvé un moyen et commence (on dirait) à dompter mes craintes.

 

Retour au bercail. Le reste de l'après midi sera contemplatif. Les couleurs du lagon changent au fur et à mesure que l'astre solaire progresse dans sa course, jusqu'au coucher de soleil magnifique : je suis aux premières loges.

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Le soir venu, j'ai allumé un feu de bois et me suis fais griller du poulet (les restes de la soirée festive du jeudi). La nuit s'est installée.

Je suis seul, sous la voute céleste illuminée par des milliers d'étoiles, à faire le bilan de ces 3 mois qui, en définitive, conjuguent 2 expériences : l'expérience professionnelle et l'aventure personnelle.

Dans la nuit étoilée, c'est trés clairement la seconde qui alimente d'abord mes réflexions. Il est difficile de résumer simplement le cheminement accompli pendant cette période. Une de mes lectures, celle du livre de Pierre Rabhi "vers la sobriété heureuse" qu'Isabelle avait eu la judicieuse idée et la formidable intuition de glisser subrepticement dans mes affaires, a été une très importante source d'inspiration.

En trois mois de "retraite" à l'autre bout du monde, j'ai effectivement pu jouir de cette plénitude offerte par la sobriété. Elle fut on ne peut plus heureuse !

La nature, dans sa générosité, et le climat, dans sa clémence, m'ont grandement facilité la tâche, j'en suis aussi conscient.

Le prochain défi consistera alors à ce que cette sobriété heureuse soit et reste une ligne de conduite.

Je suis aussi tombé un peu par hasard sur une citation faite par Louise Michel en 1874, au moment de sa déportation en Nouvelle Calédonie : " Tout ici déracine l'être de lui-même ; le silence profond, la solitude où la pensée frappe de ses ailes les sommets tourmentés des montagnes ; tout cela vous emporte bien loin de votre existence. "

 

Sur le plan professionnel, par rapport à mes attentes, le bilan est un peu plus mitigé :

Bon, je voulais rompre avec une certaine "routine" qui commençait à s'installer et qui est, à mon sens, un signe d'alerte. De ce point de vue c'est (indéniablement) réussi. Avoir pu renouer avec un certain nombre d'actes techniques fait aussi partie des aspects positifs. S'être affranchi du paiement à l'acte me convient vraiment bien.

La perspective d'un travail en équipe au sein des dispensaires avait très clairement été un élément important dans ma décision. A ce titre je suis un peu (beaucoup) frustré. Malgré la bonne volonté évidente des uns et des autres, le CMS de Houaïlou manque cruellement d'un médecin ayant, de façon effective, la fonction de dirigeant et de responsable d'équipe. De ce fait les rôles de chacun sont assez mal définis, les procédures non ou mal évaluées et les communications ou échanges avec les différents intervenants de la structure quasi inexistants. Beaucoup d'éléments sources de manque de motivation. Une analyse objective impose cependant de mettre un bémol à mes propos. La nature même de mon contrat, que j'ai voulu court (3 mois), n'est pas propice à permettre un engagement personnel en vue de faire bouger un peu tout cela ! Le turn-over important des infirmier(e)s participe aussi aux difficultés pour structurer le fonctionnement cohérent du dispensaire.

 

Cette nuit le sommeil sera calme, une fois encore bercé par le bruit de la mer.

27 mars 2014

On fait la "teuf" !

NC - Jeudi 27 Mars 2014 :

 

J'ai organisé une soirée à la maison pour "marquer le coup" avant mon prochain départ. Une grande majorité du personnel du dispensaire est présente. Les gendarmes de Houaïlou sont aussi de la partie. L'ambiance est conviviale et très sympa !

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La tablée est installée sous le faré

 

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Audrey (la sage-femme)

 

Elise (une des secrétaire) et Anaëlle (une infirmière itinérante)

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Véronique (infirmière) aprés quelques verres de Punch

 

Au menu : salade de Pamplemousse et avocats (du cru) - poulet mariné cuit au feu de bois avec achards de légumes - et desserts amenés par les invités (Elise a amené des bananes de son jardin - Michel (le médecin "chef") a préparé des cakes - Aline et Anaëlle ont fait des gâteaux au chocolat).

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Les 2 médecins du dispensaire !

 

Nicolas s'est approprié le rôle de barman, il a sorti le grand jeu : shaker, fruits de la passion et rhum. Les cocktails ont vite fait d'échauffer les esprits !

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Nicoles (l'infirmier "référent") et Elise

 

Piou et Guiguite se sont attribués le rôle de cuistot et manient le barbecue avec talent !

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Piou (l'ambulancier) à l'action !

 

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Guiguite (l'AVS) et Piou

 

 

 

 

21 mars 2014

C'est déjà le dernier week-end d'astreinte !

NC - Vendredi 21 Mars 2014 :

Début du long mais dernier week-end d'astreinte que j'assurerais au dispensaire de Houaïlou.

Du fait de l'organisation des plannings et des récupérations je me retrouve seul médecin à partir de ce matin. C'est toujours avec une certaine appréhension que débute cette longue permanence. La matinée du Vendredi, bien chargée, est consacrée à des consultations "tout venant". L'après midi est plus calme, comme c'est souvent le cas en semaine.

Bien que sans aucune mesure avec la première astreinte de week-end que j'avais connue à mon arrivée, je vais recevoir plusieurs urgences qui donneront lieu à des évacuations sanitaires (décompensations respiratoires et/ou cardiologiques) et une belle montée d'adrénaline le Dimanche matin où Nicolas, l'infirmier qui est d'astreinte avec moi, reçoit un appel des pompiers, vers 9h30, pour l'informer qu'ils partent à Karagreu (la tribu la plus éloignée du dispensaire - en direction du col des Roussettes) pour un accident de la voie publique dont le bilan initial fait état d'une personne incarcérée, inconsciente. Je me mets aussitôt en rapport avec le SAMU pour leur signaler que, bien que l'AVP se situe sur notre secteur, l'équipe du dispensaire de Bourail mettra moins de temps pour se rendre sur les lieux. Néanmoins nous recevons quelques minutes plus tard l'instruction de nous rendre sur place. Les informations reçues entre temps ont changé, la personne serait en réalité coincée sous la voiture qui s'est retournée.

Jean Philippe, l'ambulancier kanak (que tout le monde appelle Piou) fait une prouesse pour nous transporter rapidement jusqu'à Karagreu. En définitive la situation est bien moins dramatique que le bilan reçu. La victime, une jeune femme, est consciente. Elle est sortie seule, en rampant, du véhicule qui s'est immobilisé dans un fossé après avoir fait un tonneau.

Elle se plaint du bassin et nous craignons une récidive de fracture (3 ans auparavant elle avait subi une intervention assez lourde faisant déjà suite à un accident de la route). Alors que nous "techniquons" la patiente dans l'ambulance, nous sommes avisés par les gendarmes que l'hélicoptère du SAMU s'est posé sur la stade de la tribu de Coula. Ayant reçu le même bilan initial alarmant que nous, ils ont pris les devants !

Finalement j'apprendrais le lendemain, en prenant des nouvelles de la patiente, que le bilan lésionnel n'a retrouvé que des fractures de côtes alors que paradoxalement l'examen clinique ne retrouvait aucune douleur spontanée ou provoquée à ce niveau.

La garde se termine le Dimanche soir par une séance de suture pour un jeune garçon qui s'est cogné la tête contre le hayon d'un pick-up, en courant après son cousin. Il a un impressionnant scalp qui nécessitera 16 points !

19 mars 2014

La nuit tous les palmiers sont gris !

NC - Mercredi 19 Mars 2014 :

 

Après la journée de travail et le footing qui a suivi, je me suis installé sous le faré pour le moment détente-apéritif de la journée. Il est 19h45. Je savoure une bière locale "Number One" tout juste sortie du réfrigérateur.

Mon regard se porte sur la silhouette de la haute colline qui s'élève devant moi. Une lueur discrète apparait et dessine un peu mieux les contours de son relief. Elle se fait de plus en plus présente. Je réalise que je suis en train d'assister au lever de lune et c'est la pleine lune !

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J'affectionne tout particulièrement ces moments sereins de pure contemplation.

 

Tout est calme, quelques grésillements de grillons et derrière moi, comme très souvent à ce moment précis de début de soirée, des bruits de froissements d'herbes et de plantes dans la végétation derrière le grillage qui clôture le terrain. Je n'ai pas réussi à voir quelle sorte d'animal se faufile ainsi régulièrement pour épier mes faits et gestes. Je suis partisan de laisser place à la part de mystère : c'est elle qui entretien le rêve !

16 mars 2014

Dernière étape de la virée dans le Grand Nord

NC - Dimanche 16 Mars 2014 :

Le petit déjeuner (pas terrible) est avalé rapidement. Je pars, à pieds, en direction d'une cascade (la cascade de Colnett) située au bord de la route à 500 m environ du relais. En arrivant je retrouve le couple de jeunes qui a entrepris de grimper le long des parois de la cascade (attention ça glisse dur !). Un peu plus tard c'est un groupe de 4 messieurs asiatiques qui investit les lieux.

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Où est Charlie ? (à vous de jouer : où sont les 2 jeunes ?)

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C'est donc un mouvement de foule tout à fait inhabituel, jusqu'à maintenant partout où j'allais je me trouvais seul ! - c'est donc tout à fait insupportable, je m'enfuis à toutes jambes de cet endroit envahi par le tourisme de masse . . .

Après avoir récupéré la voiture au relais de Ouane Batch (non sans avoir piqué une petite tête dans l'océan) je me dirige vers une autre cascade, la cascade de Tao. Pour y accéder, il est nécessaire de marcher et grimper pendant environ 30 minutes. Pendant la montée, je croise plusieurs personnes. Les cascades ont l'air de faire le succès des touristes du coin !

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En arrivant aux pieds de la cascade je retrouve les 4 asiatiques. L'un d'eux me propose très spontanément d'utiliser mon appareil photo pour immortaliser ma présence sur ce site superbe.

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Nous discutons le coup. Il s'appelle Kim, il est Sud-Coréen, ingénieur de métier et fait partie d'une équipe chargée des installations électriques dans l'usine d'extraction du nickel de Vavouto. Il est en Nouvelle Calédonie depuis 5 années mais termine bientôt son séjour. Il profite du week-end pour faire visiter l'île à ses compatriotes arrivés récemment.

Lorsqu'ils repartent, je me retrouve seul au pied de cette majestueuse cascade, profitant d'une vasque qui me servira de bain bouillonnant (aussi bien, voire mieux qu'à la thalassothérapie).

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La séance de massage-relaxation est suivie d'un repas frugal - avant mon ascension j'ai "raflé" tout ce qui me restait comme victuaille dans la voiture : un morceau de pain, un fruit de la passion et une noix de coco - j'ai vraiment le sentiment de jouer les Robinson Crusoé et j'ai un peu de difficultés à m'extirper de ce lieu et cette situation paisible !

 

Mais il faut pourtant reprendre la route vers la prochaine étape, emblématique : Hienghène.

La route étroite serpente le long de la côte extrêmement découpée, où les flancs de la chaine descendent en pentes abruptes.

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Je suis d'accord avec le commentaire des guides, c'est la plus belle route du territoire. De l'authenticité à l'état pur. Il n'y a, pour l'instant qu'ici que j'ai trouvé des cases traditionnelles dressées sur des pelouses avec des jardins magnifiques ornés de fleurs et d'arbres fruitiers avec le vert profond des parois de la chaine qui répond à l'azur de l'océan qui lui fait face. J'en prend plein les yeux !

Avant d'arriver à Hienghène, un bras de mer s'enfonce profondément dans les terres. Pour passer d'une rive à l'autre de la Ouaïème il faut prendre le bac, le dernier du territoire. Fonctionnant de jour et de nuit, gratuit, il survit au progrès et aux velléités de le remplacer par un pont. La raison : l'endroit est "tabou" : les ancêtres, à leur mort, viendraient se réincarner en carpes le long du long croissant de sable blanc situé à l'embouchure.

 

Je prend le dernier virage que fait la route avant l'embarcadère. J'aperçois 2 véhicules qui attendent le bac qui avance lentement au milieu du bras de mer : ce sont les Sud-Coréens. Sur la même rive que nous se trouve un abri en bois. Des femmes et des enfants se sont installés là et propose du café et des gâteaux confectionnés par leurs soins. Je ne peux résister, d'autant que mon ventre me rappelle à l'ordre. J 'achète une part de gâteau au citron et un gâteau à l'ananas !

Sur le bac j'ai droit à une nouvelle séance photo en présence de mes nouveaux amis asiatiques. Nous sommes devenus inséparables !

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Hienghène. Emblématique par ses formations rocheuses uniques sur le territoire (rochers noirs de Lidéralique émergeant de l'eau claire du lagon et dont les formes évocatrices ont fait nommer le sphinx et la poule).

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Enigmatique par son histoire. Le nom de la rivière "Hienghène" signifie en langue locale "pleurer en marchant" et les pleurs ont pu, ici, être médiatisées un peu plus qu'ailleurs. C'est la patrie de Jean Marie Tjibaou, originaire de la tribu de Tiendanite, chef de file du mouvement indépendantiste dans les années 80, assassiné à Ouvéa en 1989 par un opposant indépendantiste. Avant lui, en 1984, ce sont dix kanak de la tribu de Tiendanite (dont 2 frères de Jean Marie Tjibaou) qui ont été assassinés dans une embuscade tendue par des caldoches.

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Monument commémoratif de l'embuscade de Wan Yaat. Lieu de recueillement et de pélerinage pour les kanak. Les carcasses des 404 break, calcinées et rongées par la rouille, sont restées à l'endroit même de l'embuscade. Elles sont régulièrement recouvertes de bandeaux, de morceaux d'étoffes et "d'offrandes" de toute sorte : lunettes de soleil, casquettes etc . . . une émotion certaine se dégage de ce lieu !

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La stelle au bas de laquelle on peut lire : "Toi le passant, garde en mémoire que la conquête de KANAKY* en lettre de sang est écrite à jamais" !

* Kanaky : appelation de la Nouvelle Calédonie pronée par les indépendantistes

 

Le soleil décline à l'horizon. Du haut du belvédère qui domine la baie de Hienghène, je contemple la luminosité qu'il projette sur la poule et le sphinx. C'est la dernière étape de mon périple.

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La poule, sereine, contemple le coucher du soleil !

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Fin de journée sur la mangrove qui encercle la baie de Hienghène.

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C'est la fin de journée (et fin de week-end). Chacun rentre chez soi. Certains par la mer. En ce qui me concerne, ce sera par la route !

 

Je serais de retour à Houaïlou à la nuit tombée.

15 mars 2014

La nuit au bout du bout du monde !

NC - Samedi 15 Mars 2014 :

5h50, je suis réveillé par une sensation bizarre. J'ai les pieds humides !

Ca y est, je me souviens !

Malgré les boules Quies, devenues indispensables pour couvrir les bruits environnants (fiesta au coin du feu de mes jeunes voisins campeurs), il m'a bien semblé percevoir, non pas le clapotis de la mer, mais les trombes d'eau qui ont dû s'abattre dans la nuit à en croire la quantité d'eau qui a pu s'infiltrer par le minuscule orifice de la fermeture éclair qui n'était pas totalement fermée.

Foutue la grasse mat' bienfaitrice et compensatrice.

Je passe la tête par l'ouverture de la tente. Les fêtards, eux, ont l'air de bien avoir les pieds au sec. Je suis le seul a être réveillé à cette heure plus que matinale. On nous a annoncé que le petit déjeuner était servi à partir de 7h30 !

Je rentre la tête bien décidé à essayer de me rendormir.

A 6h30 je pars me doucher, je n'ai réussi qu'à sommeiller, le ciel est couvert d'une épaisse couche de nuages gris.

Après le petit déjeuner, je quitte le relais Poingam direction Boat Pass, nom donné à une passe qui sépare l'extrémité Nord de la Nouvelle Calédonie des nombreuses îles avoisinantes.

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Le paysage se décline dans des tons inhabituellement gris. Les descriptions que donnent les guides touristiques de l'endroit ont oublié que, parfois, le ciel peut être couvert !

Je parcours, en sens inverse, la piste empruntée la veille en rallongeant volontairement ma route par Arama, un petit village perdu sur le versant Est de la presqu'île.

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La petite église d'Arama, trés colorée, se détache d'autant mieux sur le fond sombre du ciel

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L'impression qui domine est très souvent celle d'être seul au monde, je ne croise quasiment aucune voiture, juste quelques mélanésiens marchant sur le bord de la route pour une destination qui parait mystérieuse tant l'endroit parait désert !

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Le long de la route qui borde la mer, les jeunes palétuviers participeront, dans quelques années, à la reconstitution de la mangrove

 

Je m'arrête au col d'Arama pour grignoter. Il est midi et il se met à pleuvoir. Il y a 2 petits abris, je me réfugie sous l'un d'eux, ce  qui me permet de rester au sec. Peu de temps après, une voiture arrive et s'arrête à hauteur du deuxième refuge situé une trentaine de mètre plus haut. Des mélanésiens s'installent eux aussi pour casser la croûte, puis 2 personnes descendent à ma rencontre. Nous discutons le coup : ils viennent de Koné et souhaitent rejoindre une manifestation organisée un peu plus bas dans la vallée. Sur le bord de la piste, en venant à Arama, j'ai effectivement aperçu, dans un champ, au milieu de nulle part, un regroupement de personnes avec des stands improvisés, des foyers visiblement destinés à faire cuire des grillades et une petite scène où s'installait un orchestre.

En descendant du col sur l'autre versant, je rejoins la route de Koumac et la "transversale" qui va me mener jusqu'à Ouégoa.

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Au pied du col d'Arama

 

A Ouégoa, la route serpente jusqu'au col d'Amos qui constitue l'extrémité Nord de la chaine montagneuse de Nouvelle Calédonie, barrière entre la partie Ouest et la côte Est.

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Vue sur la côte Est, du col d'Amos. Il est dit que par beau temps les couleurs du lagon dessinnent  une tête de requin !

 

C'est dans cette partie Nord de l'île que "la chaine" est la plus proche du littoral, laissant ses pentes abruptes tremper leurs pieds dans l'eau claire du lagon.

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Il est déjà 15h. Ce soir je fais étape dans un autre relais faisant partie des "incontournables" sur cet itinéraire, le relais de Ouane Batch au sud de Pouébo.

Pourtant je prend la direction inverse tenté par l'aventure d'une expédition à la recherche des alignements de Bo Niec. Il faut pour cela emprunter de nouveau une piste en direction de Pam. Le guide touristique explique qu'une bataille importante eu lieu entre tribus rivales des îles Belep et de Pouébo où plus de 200 personnes trouvèrent la mort. En hommage à ces morts, on aligna le même nombre de pierres qu'on éleva à hauteur d'homme !

Expédition infructueuse, je n'ai pas trouvé les alignements, il me faut rebrousser chemin. J'ai seulement surpris plusieurs crabes des cocotiers en train de traverser la piste (sans se soucier de mon passage) et un cerf apeuré.

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Crabe des cocotiers - il parait que c'est délicieux ! j'ai eu pitié - je le laisse s'engraisser un peu . . . . miam, miam !

 

Avant de rejoindre le relais de Ouane Batch, un dernier arrêt à Ballade. En 1774, un certain James Cook débarqua sur la plage, amorçant la présence européenne dans cette partie du Pacifique. C'est également à Ballade que l'Amiral Febvrier-Despointes opéra la rattachement de la Nouvelle Calédonie à la France en septembre 1953, au nom de Napoléon III. Un monument a été érigé en septembre 1913 pour "célébrer" le 60ème anniversaire de la présence française. Bizarre, le site est laissé en friche, abandonné à l'inspiration colonisatrice des herbes folles (quel paradoxe ! ! !).

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En friche ! : dans cette partie presqu'exclusivement kanak de l'île, il serait indescent de demander aux employés municipaux d'entretenir un monument commémorant la présence française !

 

A Ouane Batch je suis accueilli par Hélène et Vincent, les tous nouveaux propriétaires. Ce soir je dormirais de nouveau au bord de l'eau, avec le bruit des vagues pour me bercer, mais l'hébergement sera moins spartiate et le couchage plus confortable que la nuit précédente.

Hélène m'accompagne jusqu'au bungalow.

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L'intérieur du bungalow : à remarquer le système trés élaboré de ventilation de la pièce : les planches qui le constitue ne sont pas jointives : ça donne quoi quand il pleut !

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Devant la voiture et juste aprés les palmiers . . . . la plage !

 

Le repas du soir est propice à de nouvelles rencontres, . . .  enfin presque !

Je me retrouve en présence d'un couple de jeunes métropolitains, travaillant tous deux dans la restauration, et arrivés il y a quelques mois sur le caillou. Nous nous reconnaissons, ils faisaient partie des jeunes fêtards installés à côté de ma tente au relais de Poingam. Très aimablement ils s'excusent du tintamarre de la veille, m'expliquant que sur la route en venant de Nouméa, ils avaient accepté de prendre en stop les 2 autres jeunes qui partageaient leur soirée festive, quelque peu arrosée. Après avoir travaillé pendant 6 mois à Nouméa, ils ont décidé de rompre leur contrat et de partir faire le tour de la Nouvelle Calédonie. Les conditions de travail ne leur convenaient pas trop. Ils m'expliquent qu'il n'auront aucune difficulté à retrouver un poste lorsqu'ils auront besoin de travailler de nouveau. D'après ce qu'ils disent il y a un turn-over important du personnel dans les restaurants de Nouméa - tiens, tiens, . . . il n'y a donc pas que dans les dispensaires ! ! !

14 mars 2014

Le grand Nord . . .

NC - Vendredi 14 Mars 2014 :

Aujourd'hui c'est free, je suis en récup' !

J'ai décidé de partir pour 3 jours d'escapade dans . . . LE GRAND NORD. L'itinéraire choisi est une grande boucle : Houïlaou, Bourail, Poya, Koné, Voh, Koumac,  je "pousserais" jusqu'à Poum, puis Ouégoa, Pouébo, Hienghène, Poindimié et retour Bourail.

La première grande étape va me mener jusqu'à Voh. Je fais le trajet d'une traite, la côte Ouest n'offrant pas vraiment de surprise avec ses grandes étendues de brousse et de plaines d'élevage.

Entre Koné et Voh se trouve la pointe de Vavouto, bordant le lagon magnifique. Vavouto est le lieu d'implantation de l'usine d'extraction du nickel la plus récente, l'usine Koniambo, fierté de la Province Nord.

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Pointe de Vavouto (en haut et à gauche de la photo) avec, à l'extrémité gauche, l'usine dont on ne distingue que les cheminées !

Elle porte le nom du massif du Koniambo, tout proche, exploité de façon intermittente depuis les années 1880, dont le sol enfermerait un minerai dont la teneur en ferronickel serait exceptionnelle

Le minerai, extrait du massif, est acheminé à l'usine par un très long "tapis roulant" qui passe sous la route que j'emprunte pour aller à Voh.

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Le tapis roulant transportant le minerais

La première coulée de nickel de l'usine a été versée en grande pompe en avril 2013. La moitié des parts du complexe industriel est détenue par la Société minière du Sud Pacifique, société locale, offrant le symbole largement affiché et défendu par la Province Nord de l'autonomisation de la Nouvelle Calédonie qui entend reprendre le contrôle de ses ressources naturelles. Elle offre aussi à cette Province, jugée jusqu'alors délaissée, la possibilité de prendre une revanche sur sa riche voisine, la Province Sud.

 

J'arrive à Voh vers midi. A l'entrée du village je trouve une "mamie" qui fait cuire des brochettes de poulet au barbecue, sur le bord de la route. Ce sera mon déjeuner avec une salade de carottes et papaye verte râpées confectionnée la veille et que j'avais emportée.

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De quoi prendre des forces avant de partir à la découverte du "cœur de Voh", immortalisé par Yann Arthus Bertrand.

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Je choisis un moyen plus écologique que l'hélicoptère pour prendre la hauteur nécessaire à visualiser cette formation végétale constituée par la mangrove. Il suffit de gravir le mont Kathépaïk (alt. 622 m), 45 minutes d'ascension sous le soleil qui cogne dur à ce moment de la journée !

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Comme pour "Où est Charlie ?" - saurez-vous trouver le coeur de Voh ?

Mais cela en vaut la peine même si, comme cela est indiqué dans les guides, le panorama en haut du mont Kathépaïk ne permet pas de distinguer la forme du cœur aussi bien que dans "La terre vue du ciel".

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Bon j'avoue que j'ai dû m'y prendre à 3 ou 4 fois, en relisant les explications du guide pour finir par le localiser - donc juste en dessous et à droite de la boucle de la rivière, en vert pâle, la pointe du coeur est dirrigée vers nous !

 

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La même vue avec un peu plus de recul !

 

En redescendant de mon escapade, je regarde la silhouette de l'usine Koniambo détacher les stries rouges et blanches de ses cheminées sur le bleu turquoise du lagon. Une sombre fumée s'échappe soudain de leur extrémité. L'impact écologique maitrisé, dont l'exploitant vante les qualités, me laisse songeur ! ! !

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La seconde grande étape m'emmène à Koumac où la route se sépare pour donner naissance, vers l'Est, à la transversale la plus septentrionale de la grande Terre. Je prends la direction du Nord pour rejoindre Poum, le bout du bout du monde !

 

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A hauteur de Poum l'asphalte laisse place à une piste de terre sur les 30 derniers kilomètres !

 

Tout ceux qui viennent jusqu'à cette extrémité de la "Grande Terre" connaissent le relais de Poingam, ce sera mon étape pour cette fin de journée.

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L'entrée du relais

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La piscine "naturelle" d'eau de mer

 

La réputation du lieu rend nécessaire la réservation de son séjour 1 à 2 mois à l'avance quand on veut loger en bungalow. Ayant appelé la veille je dois me contenter des emplacements de camping que comporte le site. Nicolas, l'infirmier du dispensaire, m'a fourni la tente.

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La plage et la mer sont juste derrrière l'écran de végétation

Je l'installe à quelques mètres du bord de la plage. Cette nuit, dans l'extrémité la plus au Nord de la Calédonie, j'aurais le clapotis de l'eau comme bruit de fond.

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La convivialité du lieu fait partie de ses atouts. Pour le repas du soir, une grande table est dressée afin que tout les convives se retrouvent. Alors que je suis assis devant une sorte de comptoir, occupé à feuilleter une revue qui traite des questions d'environnement en Nouvelle Calédonie, une femme s'approche accompagnée de sa nièce, me demandant si elle peut disposer des autres tabourets. Nous partageons ainsi le moment dédié à l'apéritif d'accueil, avant le diner. La discussion s'engage et nous réalisons rapidement que nous exerçons le même métier. Evelyne, de son prénom, est arrivée il y a une quinzaine d'année en Nouvelle Calédonie et a commencé par exercer, avec son mari Gildas également médecin, dans les dispensaires. Tout naturellement nous décidons de nous attabler ensemble afin de poursuivre notre discussion. A côté de nous se trouve un couple de polynésiens. L'homme, entendant notre conversation sur les problèmes inhérents à la pratique en milieu isolé, intervient nous disant qu'il connait ce type de situation. Il est infirmier et exerce dans un dispensaire d'une des îles de Polynésie, où il doit de débrouiller pour gérer les prises en charge sans médecin. Evelyne, qui a également exercée en Polynésie, échange des souvenirs. Au fil de la discussion, il découvrent qu'ils se sont succédé dans le même dispensaire, en Guyane, pays que l'un et l'autre avaient décidé de découvrir.

 

Bien chacun ait pu l'expérimenter, et même si c'est un lieu commun, l'impression que les rencontres ne sont pas le fruit du hasard s'est manifestée de façon beaucoup plus prégnante depuis mon arrivée en Nouvelle Calédonie.

 

Je regagne ma tente après le diner confectionné par des cuisinières kanaks qui sont venus nous voir à la fin du repas et ont été dignement félicitées et remerciées.

J'ai un peu de mal à trouver le sommeil, le confort sous la tente est sommaire, une couverture fait office de matelas,  je l'ai posé sur une natte, dont j'ai fait l'acquisition dans l'après midi, cela permet de faire un peu plus "d'épaisseur" !

11 mars 2014

Je passe à la télé !

NC - Mardi 11 Mars 2014 :

Ce matin Anaëlle, une des infirmières, est arrivée au dispensaire, sourire en coin, expliquant qu'elle avait vu, à 6h30, le reportage effectué au dispensaire (une quinzaine de jours plus tôt) par la journaliste d'une des chaines de télévision de Nouvelle Calédonie.

Le sujet portait sur le rôle de l'AVS (auxiliaire de vie et de santé) au sein de l'équipe de soins.

Notre adorable et sympathique AVS, Géraldine (que tout le monde ici surnomme "Guiguite"), était donc la vedette de cette séquence filmée. Pour les besoins du reportage, que je n'ai pas vu, la journaliste souhaitait suivre l'AVS  lors des visites en tribu puisqu'un de ses rôles consiste à accompagner l'équipe composée d'un médecin et d'un(e) infirmier(e).

Le jour du tournage c'est bibi qui était inscrit au planning des visites en tribu. Je me suis ainsi retrouvé filmé en pleine "action" auprès des "mamies" que nous sommes allés voir ce jour là (curieusement nous n'avons vu que des femmes !) puis j'ai été interviewé pour apporter mon témoignage sur l'intérêt et l'aide apportée par la présence de l'AVS dans les activités de soins. "OUI, j'suis passé à la télé!" . . . 

9 mars 2014

Sur l'eau, coûte que coûte . . . .

NC - Dimanche 9 mars 2014 :

Deuxième grasse mat' du week-end. Cette fois-ci les moustiques n'y sont pour rien. L'heure du coucher et la soirée quelque peu arrosée (mais je suis resté raisonnable, vous me connaissez !) sont au banc des accusés !

Je m'avale un café et quelques bonnes tartines.

Le soleil brille, le vent souffle et dés le saut du lit ma décision est prise . . . . la frustration de ne pas avoir senti le vent me fouetter le visage . . . . je vais descendre à l'anse Vata et louer une planche à voile !

C'est parti, à 12h30 j'ai dégoté mon bonheur. Sur le bord de la plage se trouvent des loueurs de windsurf. Ils viennent avec des camionnettes remplies de matériel, se garent le long de la plage et proposent leur service. Après quelques tractations je prends possession d'une planche de fun avec une voile de 4,5 m².

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Le plan d'eau de l'Anse Vata - RdV de tous les véliplanchistes car les conditions de vent sont idéales - un "spot" avec vue sur l'Ile aux Canards !

 

Au bout d'une heure de location, j'ai  mon compte de sensations, de vent dans la tronche et de pression sur les bras. . . . . au même moment se déroule (sur le même plan d'eau) des épreuves de windsurf d'un challenge organisé tous les ans en Nouvelle Calédonie. Les participants naviguent avec des voiles de . . . . 7 m² ! 

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8 mars 2014

"L'aventure" sur l'eau !

NC - Samedi 8 mars 2014 :

J'ai fait la grasse mat' après une longue bagarre nocturne avec un moustique entré dans ma chambre par effraction, malgré les multiples précautions et nombreux subterfuges que je déploie pour tenter d'éviter leur intrusion et leur insistance à partager mes nuits !

J'avale rapidement un bol de café et un reste de tartines. Ce matin je suis seul, Bruno et Pascale sont partis tôt dans la matinée pour un week-end à l'île des Pins.

A Nouméa aussi j'ai instauré un rituel incontournable, et je l'avoue bien volontiers, OUI je suis devenu "marché-de-Nouméa" addict'. Après une heure de shoot intensif, je reviens chargé de provisions : des crevettes (. . . . oh là là je suis aussi crevettes addict'), du Mahi-Mahi (j'espère que vous vous souvenez, sinon révisez vos leçons en retournant au début du blog !), des petites aubergines(au four avec un filet d'huile, c'est tout simple et c'est délicieux), de la papaye verte (râpée finement en salade avec des carottes, c'est super), des patates douces (au goût et à la consistance de châtaignes, . . . je trouve !).

Frédéric m'appelle à 12h30, il est prêt et m'attend à la marina de la baie de l'orphelinat. Je savais, et il me l'avais confirmé lors de nos premiers échanges téléphoniques, qu'il avait fait l'acquisition quelques mois auparavant d'un petit voilier acheté d'occasion. La veille il m'avait proposé d'aller faire un tour en mer. Ce matin, au bout du fil, il m'explique que nous allons tester le bateau qui n'a pas navigué depuis 3 mois et que, si le temps le permet, nous tenterons de rejoindre l'ilot Maitre qui se trouve à environ 3 miles de Nouméa. L'ilot est au centre d'un immense récif corallien, un régal pour la randonnée PMT (Je rappelle que PMT c'est Palme-Masque-Tuba !). Il est aussi question que nous passions la nuit sur le bateau avec retour le Dimanche matin . . . .

Je vous laisse imaginer la salive qui coule de ma bouche à l'évocation de cette perspective nautique.

Mon bardât est rapidement fait avec quelques affaires et quelques provisions, les rations de survie etc . . .

Au bord du quai j'attends Frédéric qui est déjà sur le bateau où, avec Diana, ils ont passé la nuit. Il vient me chercher avec une petite annexe. Nous rejoignons un ancien mais sympathique voilier de 8 m qui est au mouillage dans la baie de l'orphelinat. Frédéric m'apprend que la semaine précédente, lors d'un coup de vent, l'amarre c'est rompue et son bateau est parti à la dérive pour finalement être récupéré par un marin qui vit sur un bateau amarré prés de celui de Frédéric. Il m'explique aussi qu'ayant quelques notions de navigation, il a acheté ce bateau sur un coup de cœur et continue à se perfectionner en faisant régulièrement des sorties avec cet ami et voisin de port.

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Non, ce n'est pas le bateau de Frédéric !, Oui (je sais) vous avez déjà vu cette photo dans un autre message du blog ! - mais je n'avais pas d'autre image pour illustrer mes propos, alors voilà . . . . 

 

Le temps de prendre un deuxième ris sur la grand voile (car le vent souffle fort ce matin) et de faire quelques vérifications d'usage, nous sommes rejoint par un couple que Frédéric a également invité. Estelle et Nicolas sont infirmiers, travaillaient auparavant au CHD à La Roche sur Yon et termineront en Juin un séjour de deux années en Nouvelle Calédonie. Mathieu, leur fils de 12 ans, fait également partie de la première partie de l'expédition qui va consister à tester le bateau dans les conditions de vent de ce Samedi. Nous les ramènerons au port avant de repartir éventuellement pour l'îlot Maitre.

Tout est prêt, nous mettons le moteur en route et . . . . larguez les amarres !

Le voilier avance doucement dans la baie, direction . . . le large. Il avance doucement, bien doucement même et peut être un peu trop doucement de l'avis de Frédéric. Le vent vient de terre et souffle assez fort, en rafales. Nous tentons de comprendre pour quelle raison le moteur ne propulse pas le bateau. Nous avons bien remarqué en abordant le voilier avec l'annexe que de nombreuses concrétions s'étaient formées sur la coque, sous la ligne de flottaison. Nous formulons l'hypothèse que ce défaut de carénage, rapporté à la surface de la coque, peut probablement suffire à freiner le bateau. Frédéric propose d'amarrer le bateau au premier corps-mort que nous trouverons et de plonger sous le bateau pour tenter un nettoyage de fortune. Nous tentons alors de nous diriger vers un corps mort mais le bateau n'est pas du tout manœuvrant et nous dérivons poussé par le vent de terre. Nous approchons aussi d'une zone de la baie où se déroule une régate. Un des bateaux comité vient à notre rencontre en nous priant de bien vouloir nous écarter pour ne pas gêner la course puis repart sans chercher à comprendre ce qui nous arrive !

Finalement, en dérivant nous arrivons à nous mettre à couple avec un autre bateau au mouillage. Il est environ 15h.

Le reste de l'après midi sera consacré à trouver le moyen de se faire remorquer pour rejoindre notre point de départ . . . . . après de nombreuses péripéties (vedettes qui passent sans prêter attention à nos signes, intervention de la vedette de la SNSM qui finalement, au moment de nous remorquer, est appelée pour un autre bateau plus en danger que nous, tentative infructueuse d'un bateau pneumatique pour nous dégager - nous comprendrons par la suite que l'une des amarres du bateau contre lequel nous étions à couple s'était prise dans le safran de notre voilier).

Cette aventure s'est néanmoins déroulée dans la bonne humeur et la dérision (car nous n'avons jamais été en danger étant encore à l'abri dans la baie). Frédéric en a eu pour son grade et a copieusement été charrié (le pauvre !).

A 18h nous avions regagné la bouée d'amarrage faisant fi de navigation et de soirée à l'îlot Maitre.

 

Mais cette soirée du Samedi nous réservera, contre toute attente, un moment très convivial. Estelle et Nicolas doivent rejoindre des amis qui participent à une soirée. Ils ne connaissent pas l'accueillant mais ont obtenu le feu vert pour que nous nous joignions à eux !

Nous allons ainsi faire connaissance avec Marc, un infirmier d'une cinquantaine d'année, travaillant dans l'un des centres d'hémodialyse de Nouméa et installé en Nouvelle Calédonie depuis une vingtaine d'année. Il a retapé, avec beaucoup de goût et un talent de bricoleur averti, une maison sur une des collines du Mont Dore (commune située à 10 km au sud de Nouméa). Nous allons partager, jusqu'à 2h du matin et sans voir le temps passer, ce moment festif avec une trentaine d'autres personnes.

Cependant, je m'endors bien loin de la sérénité d'une couchette de bateau et du mouillage forain sur un îlot du pacifique ! 

7 mars 2014

Rencontre avec un confrère

NC - Vendredi 7 mars 2014 :

 Matinée de consultation au dispensaire de Houaïlou, précédée (à 7h du mat') par la visite incontournable et rituelle du marché du Vendredi et de ses "mamies" en robe traditionnelle de missionnaire. Elles commencent à me connaitre et saluent mon tour du marché par un chaleureux bonjour.

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Le marché de Houaïlou. Les femmes installent leur étal sous les auvents. Elles vendent les produits de leur jardin.

 

Je suis venu chercher des avocats mais il n'y en a point. Je repars avec une botte de "chou kanak" : il faut utiliser les feuilles - on peut les faire bouillir ou bien revenir à la poêle. A expérimenter prochainement !

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300 CFP (2,40 euros environ) la botte de chou kanak!

 

Je me mets en route en fin de matinée pour un retour sur Nouméa - Ce soir je dois rencontrer Frédéric Ballanger. Il est médecin, et travaille depuis juin 2011 au dispensaire de Wé à Lifou, une des Iles Loyauté. Il a pris dernièrement la fonction de médecin coordonnateur et a fait un gros travail de restructuration des équipes de soins qui, du fait d'un important turn-over, avaient quelque peu perdues la motivation nécessaire et utile à ce type de structure. Il exerçait auparavant aux Urgences et au SAMU à la Roche sur Yon. Nous avions été en contact, bien avant mon départ en Nouvelle Calédonie, nous promettant d'organiser une rencontre sur "le caillou".

Nous nous retrouvons dans un sympathique petit restaurant de cuisine traditionnelle mélanésienne : "l'assiette du cagou". Je fais connaissance de Diana, son épouse Mauricienne. Nous parlons de leur expérience de vie en Nouvelle Calédonie et des différentes raisons de leur choix. Parmi ceux-ci, Frédéric a pu se rapprocher de sa sœur, Félicia (oui, l'ex championne du monde de vélo sur piste) qui, ayant épousé un mélanésien de la tribu de Bâ (commune de . . . . Houaïlou !), vit à Nouméa.

Nous parlons aussi "boulot". J'ai en effet demandé à Frédéric s'il était possible que je puisse venir travailler une quinzaine de jours (entre la fin de mon contrat à Houaïlou et l'arrivée d'Isabelle) à Wé afin de pouvoir avoir un aperçu des conditions d'exercice dans un autre dispensaire.

Nous nous quittons tard . . . .          avec un objectif alléchant pour le lendemain !

3 mars 2014

Voyage au pays de la médecine traditionnelle mélanésienne

NC - Lundi  3 mars 2014 :

Etant amené à intervenir quasiment exclusivement auprès de la population mélanésienne, il me semblait difficile d'envisager une activité de soins destinée à une population si différente culturellement sans essayer de comprendre leur approche de la santé et de la maladie.

Voici, pour ceux d'entre vous que cela intéresse, quelques bases que j'ai pu trouver et qui sont issues de l'interview d'un anthropologue très connu ici, Patrice Godin, sur le sujet.

 

Une interview de Patrice GODIN, anthropologue, par JY LANGLET :


JYL : Monsieur Godin, vous êtes anthropologue et vos travaux portent sur les rapports entre organisation sociale, cosmologie et rituels dans les communautés kanak de la région de Hienghène. A ce titre vous vous êtes intéressé à la médecine kanak traditionnelle. Pourriez-vous nous dire quelle est aujourd'hui la place de cette médecine ?

PG : "Elle est toujours extrêmement pratiquée, même si on constate dans les représentations comme dans les pratiques de nombreux changements depuis cent cinquante ans de présence française. L'un des traits caractéristiques de cette médecine est qu'elle est partie intégrante de l'organisation sociale kanak. Ce n'est pas une institution indépendante, séparée des autres composantes de la société, mais l'un des rouages essentiels de son fonctionnement. Pour faire bref, on peut dire que la société kanak est toute entière organisée autour de deux axes : ses chefferies et ses rituels. Ces rituels sont eux-mêmes de deux sortes :

-  des cérémonies d'échanges, qui jalonnent les grandes translations de   l'existence   (mort,   mariage, naissance),

-  et les rituels thérapeutiques qui constituent le noyau de ce qu'on appelle communément la médecine kanak "

JYL : Un exemple ?

PG : "La toute première histoire qu'on m'ait raconté sur ces pratiques. Un matin, un homme âgé se renverse le contenu d'une bouilloire d'eau bouillante sur les genoux. Le médecin qui le reçoit au dispensaire l'évacué sur Nouméa. Sur place, complication infectieuse. Au bout de quelques jours, et surtout après plusieurs visites de parents, il s'inquiète de toujours souffrir énormément. Un soir, profitant de la rotation du personnel infirmier, il s'échappe du CHT (Centre Hospitalier Territorial, à Nouméa) et prend le car du soir pour revenir à Hienghène. Le lendemain, avec un de ses fils, il consulte un devin. Le surlendemain, il obtient la réponse à ses inquiétudes. S'il ne guérit pas, c'est que lui ou quelqu'un de son entourage a commis une faute vis-à-vis de sa famille maternelle. Le diagnostic du devin est très exactement : "malédiction des utérins" (hwanyen le hwan-hiri en langue némij). Une discussion s'engage entre le vieux, son fils et le devin qui vise à éclaircir la raison de cette malédiction. Et au bout d'une heure, elle débouche sur une hypothèse qui est agréée par le devin. Il y a quelques mois, le vieux et son clan ont récupéré une terre ancestrale dans le cadre d'une revendication foncière. Mais lorsque ceux-ci l'ont remise en culture, ils ont oublié de faire un geste coutumier à l'oncle maternel du vieux. Les ancêtres du clan utérin ont envoyé la malédiction en retour. Le devin préconise d'aller demander pardon à l'oncle pour cet oubli. Le geste est accompli. Ensuite, l'oncle propose que le guérisseur et prêtre de son clan traite les brûlures. La conjugaison des deux traitements, kanak et européen, conduira à la guérison ".

JYL :Toutes les maladies rentrent-elles dans le même schéma ?

PG : "Non. Grosso modo, on peut dire qu'il existe quatre grandes classes de maladies pour la pensée kanak traditionnelle. D'abord, les maladies ordinaires, bénignes que les gens de Hienghène appellent simplement " maladies " (folie) et que les gens de l'aire linguistique paicî, plus au sud, appellent "vraies maladies ". Ce sont des troubles entraînés par des déséquilibres de l'hygiène quotidienne de vie. On range dans cette catégorie les troubles de l'alimentation, les accidents climatiques (refroidissement, exposition au soleil...), la ciguatera ou encore les maladies sexuellement transmissibles. Ces maladies se soignent dans le cadre familial, où l'on recourt à une pharmacopée principalement végétale, connue sinon de tous du moins du plus grand nombre. Il y a ensuite les maladies qui sont dites "maladies des Blancs" ou "maladies du docteur". Elles n'étaient pas connues avant l'arrivée des premiers colons européens et de ce fait elles n'ont pas de noms dans les langues locales. Les seules exceptions sont dans le centre et le nord de la Grande Terre le pian et la lèpre. Le premier a été assimilé à une maladie de peau, la seconde à une forme ancienne de mycose rongeante. Les maladies du docteur sont comme leur nom l'indique du seul ressort de la médecine européenne dont on attend qu'elles les guérissent dans des délais relativement brefs. Les deux autres catégories de maladies nous font passer dans un tout autre registre des représentations. A leur propos, il faudrait d'ailleurs plutôt parler de "malheurs" que de maladies, dans le sens où ces catégories englobent non seulement des pathologies, mais aussi des événements dramatiques frappant les personnes, les familles, voire la communauté dans son ensemble (disparition inexpliquée de personne, échec professionnel, accidents...). Parmi les malheurs, il y a en premier lieu ceux qui résultent de fautes commises. Et parmi ces fautes, on distingue souvent entre, d'une part les transgressions, l'oubli ou l'accomplissement défaillant de gestes rituels, les comportements irrespectueux, etc. qui appellent une sanction de la part des ancêtres, et d'autre part le contact involontaire avec des lieux ou des objets "interdits", "sacrés" parce que chargés de présence ancestrale. Leurs conséquences ne sont pas les mêmes. Dans le cas des secondes, il existe un lien évident entre symptômes et nature de la maladie. Le contact avec une présence ancestrale débouche sur des altérations ou des lésions de la peau qu'on explique par une sorte de possession, l'ancêtre a envahi le corps du malade. Si on ne soigne pas cette possession à temps, le malade est dit sombrer progressivement dans la folie et peut même mourir. Pour les malédictions, qui relèvent de fautes de comportement, il n'y a pas lien de cause à effet, ainsi que l'a bien montré Christine Salomon pour le Centre-Nord de la Grande Terre. Un même symptôme peut être référé à des raisons différentes et une même raison aboutir à des malheurs complètement différents. La sanction envoyée par les ancêtres est par définition polymorphe. La dernière catégorie de malheurs relève de l'agression, de ce que nous appelons en Occident la sorcellerie. Il en existe de multiples formes, officielles ou clandestines, individuelles ou collectives, intrafamiliales ou guerrières".

JYL : Officielles

PG : "Oui. Dans le cadre des chefferies, dans le nord de la Grande-Terre et aux îles Loyauté où les grands chefs ont souvent une garde chargée de leur protection et parmi elle des spécialistes de la guerre rituelle qui doivent punir tous ceux qui menacent la chefferie ou manquent de respect au chef. Maladies des fautes commises et agressions sorcières ne se soignent pas de la même façon que les maladies ordinaires, car des puissances invisibles sont impliquées, ancêtres ou esprits malveillants. Le diagnostic est fait par un spécialiste, devin ou voyant. Le devin est un praticien d'une technique divinatoire plus ou moins élaborée, mais qui suppose une initiation. Il est l'héritier d'une tradition qui se transmet à l'intérieur de son clan et travaille en relation avec les ancêtres par le biais de tout un matériel liturgique contenu dans un panier. Il est aussi généralement prêtre et guérisseur de son groupe. C'est toujours un homme. Au contraire, le voyant est une personne qui a un don, très souvent contracté à la suite d'une maladie. C'est aussi bien un homme qu'une femme. Il n'utilise pas de technique divinatoire. Il "voit" la maladie en palpant le corps du malade. Il peut aussi avoir la révélation de traitements. Pour devenir guérisseur, le voyant s'associe souvent au prêtre et guérisseur de son groupe qui l'autorise à utiliser les "médicaments" de son panier. En retour, le voyant peut nourrir le panier de "médicaments nouveaux" dont il a reçu la vision. Par ailleurs, il faut savoir qu'il y a toujours de nouvelles plantes et de nouveaux traitements qui apparaissent, notamment du fait que le rêve joue un rôle important pour enrichir la pharmacopée. C'est le signe tangible que le lien avec les ancêtres n'est pas coupé, que la communication entre eux et les hommes se poursuit ".

JYL : Pouvez-vous nous donner un exemple de traitement ?

PG : "Tous ces traitements comportent des aspects secrets et sont d'autant plus difficiles à étudier que le secret est une des conditions majeures de leur réussite. Dans le cas d'une attaque de sorcellerie, on essaiera d'abord de protéger le patient de son agresseur en créant autour de lui, de sa famille, des choses qui lui appartiennent (maison, champs, voiture...) une barrière rituelle dissuasive ; on le fera en lui fournissant des paquets de " feuilles " qu'il portera sur lui et en "lavant" les lieux où il vit, avec une "eau" où baignent des plantes médicinales. On soignera aussi la personne, des éventuelles atteintes corporelles qu'elle a subies. Dans le cas d'une maladie pour faute, on doit d'abord réparer la faute, obtenir le pardon du groupe lésé, des vivants comme des morts, ensuite seulement un traitement est possible. D'un clan à un autre, d'une région à l'autre, il existe d'importantes variations autour du schéma qui vient d'être tracé à gros traits. Chaque clan a son guérisseur qui utilise les sacrements du groupe. Beaucoup de thérapeutes traditionnels ouvrent aujourd'hui "leur panier" aux personnes de l'extérieur et il y en a qui ont acquis une réputation qui va bien au-delà de leur chefferie d'origine. En principe, le guérisseur ne se fait pas payer. On fait un geste pour lui demander son aide et celle de ses ancêtres, puis on peut le remercier. C'est pour lui un engagement très fort et il tomberait lui-même malade s'il refusait d'assumer ce rôle".

JYL : Et comment se transmet son savoir ?

PG : "À Hienghène, c'est le nom reçu à la naissance qui détermine la fonction exercée dans la société. Mais parmi tous les enfants porteurs d'un nom, le guérisseur choisit généralement celui qui présente les meilleures aptitudes. Il se fie à son intuition et fait des tests pour savoir qui peut le mieux assurer sa succession. L'observation lui permet également de voir qui est le plus inspiré par les ancêtres, et donc le plus apte à hériter du panier".

JYL :  Revenons au traitement. Il existe des constantes !

PG : "Deux aspects du traitement des malheurs doivent être notés. En premier lieu, le "médicament" (terme employé en français local) préparé par le prêtre et guérisseur est beaucoup plus qu'une substance doté de propriétés thérapeutiques. Il est composé d'une association de plantes, sa préparation comme son administration sont accompagnés de gestes rituels, de prières, d'interdits qui en font un véritable sacrement. Et de fait, il s'agit d'une des formes de l'ancêtre, d'une transformation de son corps. On peut parler ici de transsubstantiation. Ensuite, l'ensemble des rituels thérapeutiques ne se comprend bien que rapporté à toute une cosmologie dans laquelle on retrouve les quatre éléments communs à beaucoup de pensées traditionnelles de par le monde : l'eau, le feu, la terre et le souffle. La conception kanak de la maladie et du malheur ne se comprend elle-même qu'en relation avec cette cosmologie. Dans la conception de la personne, il existe des composantes - le sang et le souffle - qui sont aussi des composantes de l'univers et qui sont menacées par la maladie et le malheur. Le traitement vise à redonner de la vie à ces composantes par le truchement d'éléments pris dans la nature. Alors que la maladie et le malheur sont dits "assécher" la personne, que les sorcelleries de guerre sont assimilées à des feux", les "médicaments" dans leur ensemble sont appelés "eaux" et renouvellent les fluides vitaux du patient".

JYL : Comment s'articulent concrètement les deux médecines kanak et occidentale sur le terrain ? Y a-t-il un lien possible entre médecine traditionnelle et médecine moderne ?

PG : "Le principal problème que rencontrent les médecins européens est que si le patient pense que son mal relève de ce qu'on a appelé le malheur (agression sorcière, conséquence d'une faute), il aura souvent tendance à se détourner de la médecine occidentale et n'y reviendra qu'en dernière extrémité - souvent trop tard pour le médecin. Il faut donc trouver un moyen de développer un véritable pluralisme médical. Celui-ci existe déjà pour les maladies ordinaires, les gens combinant souvent recours à la pharmacopée traditionnelle et consultation au dispensaire. Pour les maladies graves, la complémentarité entre les deux pratiques reste à inventer. J'ai le sentiment que les deux médecines n'abordent pas la souffrance humaine sous le même angle et qu'il y a beaucoup moins d'incompatibilités qu'on l'imagine des deux côtés. Ce n'est pas facile de réduire la méfiance réciproque. La conception occidentale est fondamentalement biologique, organiciste ou mécanique, parfois psychologique. Au contraire, dans le monde kanak, la maladie est perçue comme le résultat d'un déséquilibre ou d'une rupture dans le tissu des relations, interpersonnelles pour les maladies graves, entre les hommes et leur milieu pour les maladies ordinaires. Par ailleurs, les morts, les esprits sont dans la culture kanak des membres à part entière de la société. Ils sanctionnent les fautes, mais guérissent les malheurs et apportent leur soutien aux hommes dans leur vie. On trouve dans tous ces aspects bien des analogies avec certaines psychothérapies contemporaines, je pense notamment aux thérapies familiales ou à la prise en compte de l'impensé généalogique dans certaines psychanalyses. Pour une meilleure articulation des pratiques, il faudrait que se développe la reconnaissance des savoirs traditionnels, comme c'est le cas dans d'autres pays du Pacifique. Les coutumiers sont à l'évidence favorables à ce qu'un statut soit donné aux guérisseurs. Il est temps de commencer à y réfléchir. Cela permettrait une meilleure confrontation des deux médecines et la création de passerelles.

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Un métro au pays des kanaks
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